LES MURS DE L’OMERTA S’EFFONDRENT-ILS ?

Les murs de l’omerta s’écroulent-ils concernant les violences sexuelles faites aux mineurs?

Ces deux dernières années, nous assistons à la chute progressive de rideaux épais qui recouvraient les violences de toutes sortes faites aux mineurs au sein de la société et des institutions françaises .

C’est ainsi que successivement les citoyens ont pris connaissance de la pédo-criminalité qui sévissait dans l’éducation nationale,  dans les clubs de sport ou des activités périscolaires, celle qui existe dans les au sein de l’ONU à travers les Casques Bleus, et encore celle sévissant depuis des lustres dans l’Eglise,  ou tout récemment celles de nos élites intellectuelles ( affaire G. Matzneff), celle de nos élites artistiques (affaire Polanski) et même la maltraitance qui sévit  au sein des services de la protection de l’enfance dans les foyers 

Évidemment les citoyens qui ignoraient que ce fléau avait depuis longtemps infiltré des institutions apparemment au-dessus de tout soupçon et au sein des élites censées apporter une valeur créative et intellectuelles à notre pays,  tombent des nues. Le choc, la peur retrospective d’avoir pu risquer, à travers leurs enfants, d’en être victime, s’accompagnent d’une grande colère et d’une revendication de justice et de garanties. Mais trois questions méritent d’être posées.

  • Qui a dénoncé ? Est-ce la justice et dans ce cas-là la justice fait-elle la démonstration de sa volonté de prévention et de répression ?
  • La justice va t’elle aller au bout et faire l’exacte lumière pour éradiquer la pédocriminalité de ces institutions ?
  • S’agit-il de la part de la justice de bonne conscience et de profession de foi ?

Malheureusement et sans vouloir faire montre d’un pessimisme excessif, la réponse à ces questions est très nuancée et plutôt … négative.

1.La plupart du temps ce n’est pas la justice qui a permis que le rideau masquant la pédocriminalité dans les institutions, tombe (en partie) et révèle la gravité de la situation. C’est à l’initiative d’une victime que les medias se sont emparés d’une affaire particulière. Quand il s’agit d’enfants, c’est la parent protecteur qui interpelle la presse. On se souvient du tweet de Adèle Haenel, qui a dénoncé des violences sexuelles alors qu’elle était mineur « la justice nous ignore, ignorons la justice !  »

L’ENFANCE AU COEUR qui voit chaque jour des victimes « maltraitées » par la justice le comprend parfaitement.

Donc si la presse s’en est emparée, c’est à chaque fois car le justiciable ne parvenait pas à ce que la justice prenne au sérieux son action, soit qu’elle tarde, soit qu’elle nie la réalité des faits, soit que les mesures prises soient insignifiantes. Les victimes  ont alors directement ou indirectement fait médiatiser leur affaire.

En effet, la justice s’arrêtait sur le seuil de l’institution mise en cause, comme saisie d’un vertige à l’idée d’y entrer et d’y braquer le projecteur de ses lois, de sa police et de ses juges. Sans les medias, l’omerta serait totale.

Mais une fois mis en lumière par les medias, qui reprennent pour le rendre public le parcours du plaignant, la justice va t’elle réprimer et prévenir ? La réponse est négative.

2. La justice n’ira pas au bout de l’éradication de ce phénomène ni de sa répression. En effet la justice dans le domaine de la répression de la pédocriminalité et des violences sur mineurs se caractérise soit par sa volonté de protéger en premier lieu les institutions, soit par son laxisme. Et au degré de laxisme auquel est parvenue la justice française, on peut même affirmer qu’elle n’en a pas le souhait. Devant des preuves accablantes de violences sur mineurs, la justice prescrira majoritairement du sursis ou des peines symboliques de prison ferme qui grâce à la loi Taubira dans la plupart du cas ne seront pas appliquées. A tel point que le seul moyen d’être sûr de faire condamner un coupable de violences sur mineurs est que ce coupable reconnaisse les faits, et encore, sa bonne volonté lui épargnera une sanction sévère.

Rappelons que les mineurs sont très souvent victimes d’abus sexuels, d’inceste, de maltraitance et qu’il y a pourtant très peu de plaintes au regard du nombre de victimes, que de surcroit, 75% des plaintes sont classées sans suite.

La majorité de ces plaintes n’aboutissent pas à des condamnations. En effet la justice française vit et agit sous les deux dogmes intouchables d’une part de la présomption d’innocence et d’autre part du doute qui profite au prévenu ou à l’accusé. Face à une parole d’enfant, si difficile à porter, ou face à un parent protecteur que la justice s’empressera de décréter manipulateur ou aliénant, le prévenu ou l’accusé est d’ores et déjà sûr d’être avantagé. Pour s’en convaincre il suffit de consulter l’énorme quantité de faits divers qui révèlent des enfants victimes que la justice n’a pas crus mais à qui l’avenir donne raison – les preuves viennent trop tard, ou la récidive de l’agresseur prouve elle aussi trop tard qu’il en était un. Il y a de cela un an une adolescente dénonçait son père incestueux et la justice a écarté sa parole pour ne la croire que lorsqu’elle a été enceinte de son géniteur !

Quand les affaires mettant en cause l’éducation nationale ont éclaté devant une France sidérée et très inquiète, la justice n’a eu d’autre choix que de s’atteler à la tâche de juger les dossiers des mis en cause, sous la houlette d’un ministère dont la crédibilité était en jeu. Il a fallu un suicide de directeur d’école (l’école Villefontaine) pour qu’une loi aussi évidente que celle prise cette année là et baptisée d’ailleurs « Loi Villefontaine » soit prise pour créer une communication serrée entre le Parquet et le rectorat – alors tenus de se communiquer systématiquement les informations sur des professeurs mis en cause ou condamnés pour des affaires de pédocriminalité.

La justice a été mise en demeure par la force du regard des citoyens braqué sur elle, de faire un certain ménage. Mais depuis, le sujet est clos et nul ne sait exactement ce qu’il en est. Le phénomène de la pédocriminalité vient d’émerger dans une autre institution, l’aide sociale à l’enfance (ASE) dont le paradoxe est d’être précisément une structure de protection de l’enfance ! Mais la justice passera t’elle aussi efficacement qu’elle le fit, contrainte et forcée pendant un an ou deux au moment des scandales dans l’Education nationale ? On peut en douter car tous les parents français, on s’en réjouit, sont loin d’avoir un enfant placé à l’ASE ! La justice pourra donc à nouveau ronronner en faisant mine de s’atteler à une tâche qu’elle sait bien moins prégnante. La justice n’est après tout qu’une institution, et elle a un tropisme qui consiste à se serrer les coudes avec les autres institutions, quand elles sont mises en cause. On pense au singe qui ne veut ni parler, ni voir, ni entendre, image comique et cynique de la justice qui ne réagit plus que lorsqu’un scandale la tire de son sommeil, et encore, elle se rendort très vite et à la première occasion !

3. Oui, il y a sans conteste un besoin de bonne conscience de la part de la justice. Quand les institutions françaises sont dans le colimateur des medias et des citoyens indignés, elle s’agite et fait mine de pourfendre le mal à la racine en disant haut et fort qu’elle n’a jamais cessé de le faire ! Mais il est impossible de le croire. Les milliers de mères qui dénoncent les violences des pères ou des compagnons sur leur enfant sont là pour le dire aux associations, aux avocats : non, la justice ne les écoute pas et fait semblant. La volonté de prévenir et de réprimer n’est pas au rendez-vous, la justice veut en façade bien faire les choses et en profondeur continuer son profond sommeil, qui s’accommode bien des théories de l’enfant menteur ou du parent aliénant – et de l’agresseur qui ne peut en être un si cela n’est pas marqué en lettres rouges sur son front.

La justice est à l’image de la société : Une société qui a remis il y a moins de 5 ans le prix Essai Renaudot à un pédo-criminel avéré qui le revendique, et qui fait aujourd’hui semblant de le découvrir, une société qui a remis les césars à une personne condamnée pour viol sur mineur et qui le justifie.

 

Alors ce rideau qui se lève épisodiquement sur telle institution ou tel milieu s’apparente plutôt à un rideau de plomb, et c’est la raison pour laquelle le travail associatif au côté du justiciable et des victimes est un travail de salubrité publique.

2 Commentaires sur “LES MURS DE L’OMERTA S’EFFONDRENT-ILS ?

  1. Miceli lucie says:

    Nous avons porté plainte en juin 2003 pour des attouchements sur notre fille âgée de 3 ans ,la plainte a était classée sans suite !
    La nourrice n’a plus eu le droit d acceuil d enfant tour suite après n autre pleins par contre son mari le coupable des faits a était interpellé pour être en garde à vue trois mois après la plainte

  2. Muriel pecquet says:

    Notre société est violente. Les hommes pensent avoir tous les droits sur les enfants, les femmes, les animaux. Qui va defendre les enfants quand les robots de l etat frappent sans discernement les jeunes, les vieux, les femmes et les enfants ?

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