276 000 victimes officielles reconnues pour la partie visible de l’iceberg
La remise du Rapport de la CIASE sur la pédocriminalité dans l’Eglise est un événement sans précédent. Rappelons que ce Rapport a été demandé par l’Eglise.
Cette institution ne pouvait pas faire autrement face aux révélations en crescendo initiées par l’action de l’association LA PAROLE LIBÉRÉE.
Cette association avait commencé ses actions par les poursuites contre le Père Preynat.
Ce prêtre a été condamné à 5 ans de prison ferme pour des faits d’agressions sexuelles sur mineurs à l’occasion de camps scouts entre 1972 et 1991. D’abord condamné par un tribunal ecclésial, c’est à dire « en interne » il avait ensuite été condamné par « la justice des hommes » – précisons qu’il avait reconnu les faits. Ce Rapport fait état du fait que 216 000 personnes majeures disent avoir été victimes d’un membre du clergé depuis 1950. Cela représente 4 % des victimes d’abus sexuels en France sur la même période ! A cela s’ajoutent les victimes du personnel laïc associé à l’institution religieuse, et le total monte alors à 330 000 victimes.
Ce Rapport suggère aussi un « ratio » de prêtres abuseur égal à 2,8%. L’ENFANCE AU CŒUR est persuadée que le nombre des victimes est bien supérieur, d’ailleurs notre association connaît des victimes qui n’ont pas souhaité se faire « recenser ».
En effet pour qui connaît les conséquences dramatiques des délits sexuels sur mineurs, le fait de les révéler n’est pas systématique et souvent empêché par des facteurs tels la honte ou l’amnésie traumatique pour n’en citer que deux.
En outre, ce Rapport se fonde sur les témoignages de personnes majeures, et laisse de côté en conséquence, tous les mineurs actuellement victimes, ou ayant été victimes mais encore mineurs. Cette lacune est épouvantable en elle-même et dans ses conséquences sur les chiffres contenus dans le Rapport. Dès lors la face de l’iceberg se chiffre à 330 000 victimes ayant témoigné après leur majorité, il est aisé de penser que la réalité est infiniment supérieure.
La caractéristique de la pédocriminalité dans l’Eglise est que l’omerta qui l’entoure est bien supérieure à l’omerta connue pour les autres exactions dans d’autres milieux. Les raisons en sont évidentes, l’emprise spirituelle y joue un rôle majeur.
L’ENFANCE AU CŒUR ne cesse de pointer du doigt la grande responsabilité de la Justice dans l’absence de sanction contre les pédocriminels, une fois les délits identifiés. Si on ajoute à ce laxisme « en aval » toutes les difficultés qui existent « en amont » pour qu’une révélation ait lieu, on aboutit à la situation française, toutes institutions confondues que ce soit Eglise, école ou milieu médical : un enfant est en danger et s’il est victime, il continuera de l’être pour toute sa vie car il ne sera pas cru s’il parle, et son agresseur ne sera pas sanctionné s’il a la force de le désigner.
Le Rapport de la pédocriminalité dans l’Eglise n’est rien d’autre qu’un pavé dans la mare puante de la pédocriminalité en général, il n’a qu’un mérite, c’est celui de tendre un miroir à une société laxiste et non protectrice de l’enfant dont elle a fait depuis longtemps un partenaire sexuel possible. La méfiance et le discrédit qui vont inévitablement tomber sur l’Eglise est la seule conséquence qui peut se prévoir à l’issue de la publication du Rapport. Aucune amélioration n’est en vue. Et ce pour la raison essentielle qui tient à ce que l’enfant est pour la justice, pour la police et pour toutes les institutions, un menteur potentiel, dont la parole ne vaut même pas qu’on la recueille avec la professionnalité et la bienveillance nécessaires ! Rien n’est mis en œuvre pour écouter l’enfant, tout agresseur bénéficie d’une présomption d’innocence en béton quand l’enfant est quant à lui, déjà victime d’une présomption de mensonge. Face à cette grave inversion des valeurs, L’ENFANCE AU CŒUR appelle tous les parents protecteurs, tous ceux qui aiment les enfants, à se mobiliser pour les protéger et pour agir dans leur intérêt par toutes les formes de militantisme possibles.
@Franz ACHACHE
Nous allons nous mobiliser pour protèger les enfants des violeurs. Mais l’Eglise commet aussi des violences psychologiques, par en nous explicant à 5 ans que nous sommes pêcheurs et que Jésus a été crucifié pour le rachat de nos pêchés