L’ENFANCE AU COEUR a pu bénéficier de quelques informations concernant le dossier de Priscilla MAJANI, suffisamment pour savoir que ce dossier est emblématique du dilemme épouvantable dans lequel les mères peuvent se trouver, et qu’elles résolvent invariablement par le sacrifice d’elles-mêmes. L’enfant révèle l’inceste, l’enfant n’est pas cru par les autorités compétentes, la mère se doit de le protéger et va le soustraire à l’hébergement de l’agresseur, quitte à tout perdre. Il y a alors assez peu de degrés dans le sacrifice, la mère s’expose à des sanctions pénales, au retrait de son enfant par la remise à l’agresseur ou le placement en Foyer, dans certains cas elle perd son statut professionnel, social, sa vie économique et elle fuit avec l’enfant … Ou bien dans de rares cas la justice fonctionne et l’enfant est protégé. Mais ils sont si rares que régulièrement l’actualité se fait l’écho de mères emprisonnées, et dont la personnalité bien souvent ne cadre pas avec la situation dans laquelle elles se sont mises. Tel est le cas de Priscilla, fonctionnaire dans l’armée et titrée. Malgré ses qualifications professionnelles donnant des gages quant à son sérieux, elle a tout de suite été qualifiée de manipulatrice, instrumentalisant les propos de sa fille contre le père dans le cadre d’un conflit conjugal. Pourtant elle avait à l’évidence tout à perdre, et rien à gagner à dénoncer ou à fuir !! Elle vient d’être jugée, condamnée au maximum (3 ans pour NRE et détention hors de France, peine à laquelle s’ajoute une condamnation de deux ans pour dénonciation calomnieuse) et le procureur lui a fait entendre qu’elle a fait le malheur de sa fille … Tant que la parole de l’enfant ne sera pas prise en considération et qu’une mère qui dénonce l’inceste et protège son enfant sera taxée de manipulatrice, malade du fameux SAP (concept sans aucune valeur), des mères fuiront et se sacrifieront pour protéger leur enfant : c’est ainsi et cela n’est pas près de changer car pour une mère aimante qui connaît bien son enfant et sait sa parole authentique, le protéger est sa valeur cardinale et son devoir le plus sacré. Notons que dans cette affaire la consolation de Priscilla sera d’avoir protégé sa fille, qui reste en Suisse … L’ENFANCE AU COEUR n’a de cesse de le répéter, un parent protecteur doit disposer de toutes les preuves possibles si l’enfant fait un dévoilement d’inceste, de manière à se ménager la preuve d’un état de nécessité en cas de poursuites pour non représentation d’enfant. Le parent doit porter plainte, et demander à son Conseil de tout mettre en oeuvre pour qu’une enquête approfondie soit menée. Malheureusement, L’ENFANCE AU COEUR le sait bien, les preuves sont bien difficiles à avoir, et un parent ne fait pas l’enquête, c’est la police puis éventuellement le juge d’instruction qui est aux manettes … et souvent le résultat est plutôt indigent. Il y a donc un cercle vicieux, un piège parfait que la CIIVISE a dénoncé dans ses travaux, sans que les résultats soient à la hauteur de la gravité de la situation, l’affaire de Priscilla le démontre une fois encore. Cependant plus ces situations seront connues, relayées, plus il y a des chances que les choses changent. Il va de soi que d’aucune manière, L’ENFANCE AU COEUR ne souhaite encourager des mères à fuir avec leur enfant, au contraire notre association sait qu’au bout du chemin il n’y a qu’une vie insupportable, faite d’angoisse et de déstructuration, de stigmatisation, de dommages collatéraux en tout genre. Ce n’est jamais une solution de fuir, la seule solution est que la Justice soit faite. Autant dire que ces situations sont intrinsèquement la quadrature du cercle, et la démonstration d’une faillite de la protection de l’enfant. La mobilisation citoyenne par une vaste information sur ces drames, peut amorcer cependant une vague de fond qui, un jour, aboutira au triomphe du principe de protection concernant les enfants et en fera un principe majeur s’imposant sur le droit pénal qui maltraite le parent protecteur.
Lui les mères qui dénoncent l’innommable passent de victimes à agresseurs. Cette société ne respecte pas le Droit des Enfants