Le dispositif censé bloquer l’accès des mineurs à la pornographie : un nouveau gadget
Non seulement souhaitable, mais absolument nécessaire, la protection des mineurs de la pornographie est une intention louable toujours remise à plus tard par les gouvernements successifs. Est-elle réellement et techniquement possible quand on constate que pas un seul pays n’a eu un mécanisme valable pour le faire ? Ou bien est-ce une volonté politique réelle qui fait défaut ? Ou bien un lobby de l’argent colossal de ce type d’industrie expliquerait-il que l’on avance si peu ? La question se pose quand on lit cet article, tellement l’idée du gouvernement pour y parvenir repose sur un gadget à la limite du risible.
Les mineurs accèdent facilement et massivement à la pornographie (80% des mineurs ont été exposés à ces contenus). Il y a urgence à lutter contre cette forme de violence psychique subie par les mineurs, avec sa cohorte de dommages parmi lesquels l’amalgame violence/sexualité qui peut souvent s’ancrer dans leur esprit.
A peu près 20 millions de visiteurs de sites porno par mois dont 2,4 millions sont mineurs, le problème est un fléau pour la santé des enfants et des jeunes, et les conséquences sur leur vie et leur développement est documenté depuis longtemps. La violence sexuelle qui se développe sans cesse dans nos sociétés a forcément à voir avec cet accès à la pornographie, des futurs adultes.
Ajoutons que cette « exposition » si facile au porno ressemble à s’y méprendre à de la corruption de mineurs que les sites porno permettraient sans complexe – et c’est affligeant puisque la corruption de mineurs comme la diffusion de contenus porno à des mineurs sont théoriquement punis pénalement ! Il y a donc là une hypocrisie totale, une impunité affligeante.
Demander aux sites porno de contrôler l’âge des consommateurs s’est révélé difficilement conciliable avec les législations sur les données personnelles. Depuis 2021, une autorité, l’ARCOM, peut demander en Justice le blocage des sites porno qui ne contrôlent pas l’âge des utilisateurs … mais dans les faits ce contrôle est impossible.
Le gouvernement ne pouvant demander un contrôle qui serait interne et effectué par les sites porno eux-mêmes, il a été imaginé de mettre au point un certificat, une attestation numérique fournie par un organisme extérieur que lesdits sites devront vérifier. Les sites porno devront intégrer un dispositif de contrôle.
Concrètement, l’utilisateur devra cliquer sur une attestation numérique certifiant sa majorité.
Le scepticisme des spécialistes sur ce dispositif est énorme, puisque de fait, il faudra « contrôler que les sites contrôlent » et comment s’y prendre …. cela paraît de l’ordre de l’impossible tant ils fonctionnent le plus souvent dans l’illégalité et y sont habitués.
L’ENFANCE AU CŒUR a des doutes sur ce gadget imaginé par le gouvernement, alors que les pays voisins n’ont pas trouvé mieux et qu’en réalité seul l’Etat de Louisianne a eu le réflexe de bon sens d’exiger la production d’une carte d’identité pour accéder à ces sites – certainement plus difficile à falsifier qu’un quelconque certificat.
L’ENFANCE AU CŒUR salue l’initiative du gouvernement, salue la bonne volonté du ministre qui assure que ce gentil certificat sera salvateur, mais notre association constate que quand DORCEL, producteur de porno, a couvert les murs de Paris de son « calendrier de l’Avent » à caractère porno, PERSONNE ne s’en est ému.
L’ENFANCE AU CŒUR a écrit au Procureur de la République pour le signaler, et n’a reçu aucune réponse. Voilà la réalité de la protection de l’enfance.
Hypocrisie, vœu pieux, inefficacité, effet d’annonce.
Gadget.
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