Chaque jour apporte son lot de décisions de justice clémentes rendues dans des affaires de maltraitance d’enfants, en particulier dans des cas de violences sexuelles. Si parfois en dépit de notre indignation, on en vient à penser que peut-être le dossier recelait des éléments justifiant cette mansuétude, la répétition de ces décisions étonnament douces pour le coupable nous détrompe. Il s’agit bel et bien d’un laxisme judiciaire, inadmissible et extrêmement grave.
Comme cette opinion doit être étayée, un petit passage en revue de décisions récentes va donner tout de suite une idée de ce phénomène gravissime qu’est l’absence de répression réelle du plus odieux des crimes : celui commis contre un enfant.
C’est ainsi que très récemment :
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- Dans l’Essonne un homme de 73 ans n’écope que de 5 ans avec sursis pour le viol – qu’il reconnaît- de sa petite fille de 6 ans.
- Dans la région de Toulouse 36 mois de prison dont 24 mois avec sursis pour un homme coupable de viol sur une fillette de 3 ans.
- en Normandie un homme de 50 ans est condamné à deux ans de prison ferme pour agressions sexuelles sur deux de ses belles filles et une mineure
- à Perpignan, 3 ans avec sursis pour un homme de 48 ans qui aura 5 enfants avec sa belle fille de 13 ans à l’origine !
- dans le Pas de Calais un homme agresse sa petite nièce, reconnaît les faits et est condamné à 18 mois avec sursis.
- à Périgueux une femme de 29 ans au moment des faits est condamnée à 4 mois avec sursis pour agression sexuelle sur un enfant de 9 ans.
- A Castelsarrazin un homme se sachant séropositif, par ailleurs détenteur de pédopornographie, viole 4 enfants et le reconnaît, il n’est condamné qu’à 4 ans de prison ferme !
Très récemment, ce laxisme judiciaire a cessé de n’être connu, déploré et combattu que par le petit monde de professionnels de la protection de l’enfance.
C’est toute la France qui découvre au mois de septembre et au mois de novembre 2017 que des tribunaux peuvent retenir le consentement d’une enfant de 11 ans à une relation sexuelle avec un homme de près de trois fois son âge ! Au lieu de retenir le viol, dans la première affaire le Parquet qualifie les faits « d’atteinte sexuelle », dans la deuxième affaire la mineure enceinte voit son agresseur acquitté par la Cour d’assises !
Les citoyens s’en émeuvent, les médias relaient leur indignation, leur incompréhension, et enfin quelque chose « bouge ».
La problématique de l’âge du consentement entre dans le débat public, pour la première fois. Le gouvernement a le réflexe de s’en emparer et annonce qu’il entend faire légiférer – il y en allait de la crédibilité de la Justice et de la confiance des familles.
Si les tribunaux continuent à voir un consentement possible là où il y a un crime de viol ou un délit d’agression sexuelle, que dire alors des très nombreuses affaires où aucun consentement ne serait humainement possible puisqu’il s’agit de tous jeunes enfants … voire de bébés ?
Les juges vont-ils, dans ces cas où la Justice devrait être sévère et intraitable, faiblir encore une fois ? Les juges vont-ils encore écouter les arguties des pédocriminels, couper avec eux les cheveux en quatre et penser que donner une chance à un adulte coupable est plus important que protéger l’innocence d’un petit enfant ?
Oui, c’est malheureusement ce que l’on constate : la Justice en France semble avoir un plafond de verre au-dessus de la tête, qui l’empêche d’appliquer la loi.
Pourtant la loi sanctionne le viol sur un mineur de moins de 15 ans d’une peine de 20 ans de prison, les agressions sexuelles sur un mineur de moins de 15 ans sont punies d’une peine de 10 ans de prison et toutes les infractions sur des mineurs entraînent des peines conséquentes dans le code pénal : contrairement à ce que le public se prend à penser en constatant le laxisme judiciaire. Non, ce n’est pas la loi qu’il faut modifier, mais l’application que les juges en font !
Ces exemples récents font suite à des décisions du même genre, et le tout forme des décennies de condamnations ridicules pour des crimes et des délits qui marqueront à vie la santé et le psychisme des enfants victimes.
Le message envoyé à la société par les Tribunaux est catastrophique. Attenter à l’intégrité d’un enfant est si peu puni que les pervers ne peuvent y voir qu’un encouragement à toutes les violences, à toutes les déviances. Tant que la Justice punira plus gravement le vol que le viol, elle génèrera une société déliquescente où toutes les valeurs feront peu à peu naufrage.
Si l’humanisme d’une société se mesure à la place qu’elle fait à l’enfant et au respect de son intégrité, la société française est gravement malade.
La justice est rendue au nom du peuple français et bien peu d’entre nous peuvent se reconnaître dans l’inadmissible et coupable tolérance des juges vis à vis des prédateurs de l’enfance.
Il faut qu’une prise de conscience publique de ce laxisme ait lieu, et nous devons tous y réfléchir.
Il est temps que ce plafond de verre se brise enfin, car dans un pays qui dénombre 422 viols d’enfants pas jour, ce sont des centaines de vies d’enfants et de parents qui sont brisées, cassées par la quasi-impunité garantie de ce plafond.